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Une étude révèle que le traitement expérimental utilisé pendant la première vague de Covid-19 en 2020 aurait causé une surmortalité en France et serait responsable du décès de près de 17 000 gens dans 6 pays. Mais ces chiffres pourraient être largement sous-évalués. Explications.
Faisons un bond de quatre ans dans le temps. Au renouveau 2020, le Covid-19 frappe l'Europe et le monde entier, des milliers de gens sont hospitalisées dans un état critique à cause de cette nouvelle pollution respiratoire. Dans ce contexte, un traitement utilisé contre le paludisme est testé, en dehors de toute autorisation des autorités sanitaires.
Vendue comme le remède miracle à la pandémie par des médecins comme le professeur Raoult à Marseille, l'hydroxychloroquine aurait au contraire entraîné une surmortalité chez les malades du Covid, c'est ce que révèle en étude publiée mardi par la revue Science.
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"Cela confirme que les patients souffrant d'un Covid et qui reçoivent ce médicament ont plus de risque de mourir que ceux qui ne le reçoivent pas", souligne l'épidémiologiste Pierre Tatevin, chef du service des Maladies infectieuses du CHU de Rennes, invité mercredi sur France Inter.
Une surmortalité sous-évaluée
Selon l'étude de Science, l'hydroxychloroquine serait associée à près de 17 000 décès dans six pays (1) dont la France, sur la période de la première vague entre mars et juillet 2020. Des chercheurs du CHU de Lyon ont, quant à eux, précisé que près de 13 000 gens en seraient mortes aux États-Unis et près de 200 en France, mais France Inter, qui expose cette enquête, précise que ces chiffres pourraient être largement sous-évalués.
L'étude exclut en effet l'Inde et le Brésil, deux pays où le traitement a été très utilisé mais pour lesquels nous n'avons pas suffisamment de données chiffrées. "Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est qu’il s’agit d’une estimation grossière, dans le sens ou elle ne concerne que quelques pays pendant une courte période et que le nombre total de morts est probablement bien plus grand", commente le professeur Christophe Lega du CHU de Lyon.
Pour aboutir à ce résultat, son équipe a estimé la mortalité hospitalière mondiale attribuable à l’utilisation de l’hydroxychloroquine en combinant le taux de mortalité, l’exposition à l’hydroxychloroquine, le nombre de patients hospitalisés et l’augmentation du risque relatif de décès lié à ce médicament, estimé à 11 % selon les résultats d'une précédente étude parue dans Nature Communication.
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"Donner un traitement inutile et potentiellement toxique à des patients déjà fragile est quelque chose de dangereux", commente l'épidémiologiste Pierre Tatevin, sur France Inter. C'est la raison pour laquelle Didier Raoult a reçu un blâme de l'Ordre des médecins. Très médiatique, l'ancien directeur de l’IHU (institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses) de Marseille avait bénéficié d'une large audience pendant la première vague du Covid. Comme lui, des personnalités avaient fait la promotion de ce traitement sinon en connaître véritablement les effets. On se souvient notamment de Donald Trump qui se vantait de consommer de la chloroquine tous les jours pour se prémunir du Covid…
(1) soit la Belgique, l’Espagne, la France, l’Italie, la Turquie et les Etats-Unis.