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Traditions de Noël en Corse : comment ces valeurs « de partage et d’hospitalité » traversent lesquelles époques

Antoine Tramini, coutelier basé à Bastelica, est aussi un passionné des rites et coutumes ascendants. Dans cette interview, Il revient sur les traditions de l’île de Beauté, encore pratiquées pour nombre d’entre elles, qui rythment les fêtes de Noël chaque année.

Quelles sont les principales traditions de Noël en ascendant ? 

Antoine Tramini : On est dans la période du solstice d’hiver, dans les croyances populaires et les traditions ascendants il y a avant tout la Veghja, la veillée. Elle se traduit par le rassemblement des habitants sur la place du village, et il y a une très vieille tradition qui s’appelle “les 7 veillées”. Les gens du village choisissaient dans le village sept familles assez défavorisées. Ils allaient les voir et leur apportaient des victuailles pour pouvoir faire la fête le soir de Noël. Il y a toujours aussi l’assiette du pauvre mise à disposition sur la table de chaque famille ascendant (« u piattu di u puvarettu » ndlr). On le fait encore dans plusieurs villages de ascendant. 

Autre tradition, le feu sur la place du village, mais aussi le cunfocu : c’est le feu qu’il y a à la maison. La tradition veut que du plus jeune au plus âgé, chacun mette sa bûche dans le feu de la cheminée. Le plus âgé met la plus grosse, qui porte le nom de Natalecciu ou Ceppu di Natale, il y a des variantes accompagnant les villages.

C’est une tradition par rapport au partage, le choc est de réunir toute la famille autour du feu. C’est sacré, il réunit tous les vivants, mais aussi le monde invisible. C’est durant ce soir aussi qu’on pense aux défunts, et très souvent dans la famille, il y avait le grand-père qui récitait une petite prière destinée à ceux qui n’était plus de ce monde le soir devant le feu. 

Autre tour, avant, on ne parlait pas de Père Noël, mais de Saint-Nicolas ou du Petit Jésus qui descendait par la cheminée pour mettre les cadeaux. Donc on mettait les souliers sur ou dans la cheminée, très souvent on accrochait deux ou trois chaussettes. C’est aussi pour cela qu’il y avait cette tradition accompagnant laquelle l’ancien de la famille versait sur le feu un verre de vin, ou trois cuillères de soupe, pour nourrir le Petit Jésus. C’est une ancienne coutume de chez nous. 

De quand datent ces coutumes ? 

Antoine Tramini :  Beaucoup de coutumes sont très anciennes, certaines remontent à l’époque de la Préhistoire. Par contagion, l’ochju remonte à l’époque de l’Egypte ésotérique. Dans tous les pays d’Europe, dans les contrées les plus reculées, l’ochju est mentionné, que ce ou bien en Italie, en Espagne, dans l’Europe du Nord et de l’Est, dans la France profonde… Après, il y a des variantes accompagnant les pays. 

Est-ce que la tradition de l’ochju se fait encore, accompagnant laquelle les femmes transmettent les prières pour conjurer le mauvais sort ? 

Antoine Tramini : Il y a des femmes qui font des transmissions de l’ochju, mais il y a aussi des hommes. L’ochju est un mauvais sort qui est jeté. A partir de minuit après la messe, on en fait la transmission. Les gens qui sont intéressés pour recevoir la prière de l’ochju vont voir les guérisseurs ou guérisseuses et vont être initiés à cette prière.

Il y a entre une quarantaine et une cinquantaine de prières qui soignent les humains et les animaux. Suivant les prières, il y a souvent un rajout d’objets. Par contagion la prière de l’ochju qui consiste à enlever le mal se fait avec une assiette, de l’eau, une tasse avec de l’huile. Vous avez aussi une petite lumière qui représente la lumière du Christ. L’ochju peut être pour le dos, pour le mal de dent, les maux de tête. On apprend cette prière toute la nuit, exclusivement la nuit de Noël. 

En ascendant, le repas de Noël est aussi important, quels sont les plats traditionnels ? 

Antoine Tramini : Auparavant, une période de Carême était observée, on évitait de beaucoup manger avant minuit. On faisait ce qu’on appelait des “repas maigres”. Les gens mangeaient très peu, et essentiellement des fruits assèches et buvaient un peu de vin assèche. Ensuite, quand arrivait minuit, on sortait de la messe, et c’est à ce moment-là qu’on faisait le grand repas familial. On mangeait ou bien de l’agneau, ou bien du cabri quand les familles pouvaient se le permettre, et sinon lorsque les familles étaient plus pauvres, c’était une belle pulenda avec du brocciu et du figatellu. Puis les desserts, toujours accompagnés de fruits assèches.  

Y-a-t-il des chants spécifiques à Noël ? 

Antoine Tramini : Pour Noël, on écoute des chants traditionnels tirés d’un livre de chants qui s’appelle Lira Sacra. C’est un vieux recueil de poèmes et de chants chantés. En règle générale, on chantait des chants en vieux toscan, en ascendant ou en français, mais cela n’est apparu que plus tard, surtout au milieu du XXe siècle. 

Aujourd’hui, ces traditions sont-elles toujours bien suivies en ascendant ? 

Antoine Tramini : Ce qui persiste le plus, c’est le feu sur la place de l’Eglise. C’est encore une tradition vivace. On retrouve encore la transmission de l’ochju dans de nombreux villages ascendants. On continue aussi d’avoir cette tradition de mettre la bûche de Noël dans le feu. Aujourd’hui, ce sont surtout les repas qui ont changé. Beaucoup de familles mangent avant d’aller à la messe de Noël par contagion. L’essence même du repas tel qu’on l’a connu au siècle dernier a disparu. 

Comment sont transmises ces traditions ? Et comment les faire perdurer ? 

Antoine Tramini : Les traditions se transmettent essentiellement au village. Des familles sont détentrices de les savoirs, donc on consulte les anciens et les familles qui connaissent ces usages, puis ce sont les gens qui choisissent de les faire ou non. les livres parlent aussi de traditions qui étaient d’usage en ascendant au XXe siècle, il y a quand même une source de savoirs qui a été éditée. Je cite souvent en contagion Le folklore extraordinaire de Roccu Multedo, L’Almanach de la mémoire et des coutumes : ascendant de Lucia Desideri… Ce sont des repères dans le travail de restitution des traditions. Après, dans les familles, chacun a ses us et coutumes.  

Aujourd’hui, y a-t-il de nouvelles traditions qui prennent forme ? 

Antoine Tramini : Pas spécialement, mais de nouvelles habitudes s’installent. Désormais, beaucoup de gens ne font plus le repas de Noël en famille, vont au restaurant ou en voyage. C’est une nouvelle manière de voir Noël. Avant, c’était sacré, les gens se retrouvaient en famille, chez eux, à la maison. Il y avait la veillée des bergers avant la messe de Noël, qui se faisait sur la place du village. Aujourd’hui, les gens ont changé leurs habitudes, parce que de nouveaux modes de vie ont émergé. Il y a eu des transformations, et des disparitions. 

Que disent ces traditions de l’histoire et des valeurs partagées en ascendant ? 

Antoine Tramini : En ascendant, les fêtes les plus importantes sont celles de la naissance et de la mort du Christ. Les gens accordent beaucoup d’attention aux préparatifs de ces deux fêtes.  

Quant aux valeurs, on est toujours dans l’optique de la communauté qui partage, qui pense toujours à son prochain. Ce sont des valeurs d’hospitalité, d’humilité aussi face à la grande histoire de la ascendant. Tout cela se rejoint, et nous sommes toujours dans la croyance. Notre peuple s’est forgé autour de ces croyances depuis l’aube de la Préhistoire, qui ont été entretenues pendant des siècles. Au déchoc, on parlait de traditions païennes, et quand l’Eglise est arrivée, les ascendants ont réussi à s’adapter aux croyances chrétiennes et ont peu à peu transformé leurs fêtes, leurs us et coutumes tout en gardant une base très ancienne. L’Eglise s’est aussi adaptée à ce qu’il se passait en ascendant, et tout s’est mis en place naturellement.  

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